Pourquoi je voyage ? Très très bonne question que je me suis souvent posée ou qu’on m’a souvent posée. Et à laquelle j’avais toujours des réponses prêtes à être avalées, que je pensais être les bonnes raisons me poussant à voyager… jusqu’à ce que je prenne conscience que ces réponses faciles cachaient en fait une autre réalité et… ma seule et vraie raison de voyager. Raison à laquelle je n’aurais jamais pensé et qui a fini par s’imposer, un peu malgré moi…
Mes 5 fausses raisons de voyager
1- Voyager pour fuir…
« Tu voyages pour fuir quoi ?… » Quand j’ai commencé à voyager, combien de fois je l’ai entendue celle-là ! Ce genre de phrase qui te donne l’impression de devoir passer par la case « allongée sur un divan pour avouer que tu as un problème psy » !… Alors forcément tu finis par te dire que tu es marginale, que tu voyages pour fuir la réalité, la routine, que tu es profondément instable… La pression sociétale réussit fort bien à t’en convaincre.
2- Voyager pour élargir mon horizon
C’est vrai, j’ai toujours cru que le périmètre de ma vie quotidienne était trop étroit pour contenir mes rêves, que j’avais toujours besoin d’une pincée d’extra dans mon ordinaire.
3- Voyager pour gagner en ouverture d’esprit
Tous les voyageurs vous le diront, quand on voyage, on n’emmène pas dans sa valise ses habitudes. On s’ouvre à d’autres cultures, d’autres façons de vivre. On apprend que notre vérité n’est pas la seule vérité qui tienne la route mais qu’on peut conjuguer les vérités, sans que les unes soient moins valables que les autres. On s’adapte, on écoute, on partage, on devient plus humble et on rentre plus riche. Oui tout cela c’est vrai mais ce n’est pas une raison suffisante pour partir en voyage.
4- Voyager pour sortir de ma zone de confort
Cette raison-là, j’ai toujours été persuadée que c’était ma vraie bonne raison de voyager. J’y croyais dur comme fer. Moi, l’introvertie qui aime bien maîtriser son quotidien, avoir ses repères, être rassurée par un environnement stable, combien de fois j’ai répondu à qui me disait:
– « Non toi, Nath’, tu voyages avec un sac à dos, sans savoir où tu dors, où tu manges, t’as pas peur ? Mais pourquoi tu voyages ainsi ? »
– « Pour sortir de ma zone de confort, surmonter mes peurs en goûtant à l’aventure… »
Je me rends compte aujourd’hui à quel point cette réponse était facile…
5- Voyager pour apprendre à me connaître et me retrouver
Soyons clair, vu la pression de la société, des entreprises dans lesquelles nous travaillons, de nos familles, au quotidien, nous portons un masque pour faire bonne figure et rentrer dans le moule imposé – bizarre, j’ai toujours eu l’impression d’être constituée dans une matière inadaptable au moule : papa, maman, vous m’avez faite en quoi ?!! –
Sauf que moi, un moment, le moule me gratte et je ne supporte plus de « jouer à faire comme si… » alors que pas du tout ! Le fait d’être une intermittente du voyage me permet d’enlever le masque pour me ressourcer, me retrouver, comprendre qui je suis et ne pas l’oublier sous prétexte que cela ne plaira pas à tout le monde…
Je crois bien que c’est cette 5ème fausse bonne raison de voyager – conjuguée à d’autres éléments – qui m’a peu à peu fait comprendre ma vraie raison de voyager, les autres raisons n’étant que des raisons de surface, d’apparence…
Ma seule vraie raison de voyager… TROUVER MON ROYAUME !
Cette raison de voyager qui est la mienne, vous allez peut-être la trouver saugrenue, tirée par les cheveux, extravagante… Et pourtant, elle est ma raison profonde de voyager, même si j’ai mis du temps à le comprendre, à me l’avouer, à le reconnaître… Oui, j’ai toujours voyagé pour trouver mon royaume !…
On est tous l’enfant d’un royaume…
Souvenez-vous, quand on était gamin, on a tous construit des cabanes au fond du jardin pour y trouver refuge, imaginé des cachettes secrètes, inventé des repaires connus de nous seuls… Cabanes, cachettes, châteaux, endroits improbables sortis de notre imaginaire d’enfant, peu importe… Ces lieux étaient notre royaume… Et cette quête de royaume se poursuit bien au-delà de l’enfance, souvent sans qu’on en ait conscience…
Personnellement, je suis née et j’ai grandi dans le Nord de la France, mais au fond de moi, j’ai toujours su que ce n’était pas vraiment chez-moi. Et c’est ainsi que j’ai commencé à voyager, caressant inconsciemment l’espoir qu’un jour je trouverais ce royaume fabuleux où j’aurais envie de poser mes valises…
Mon royaume à moi !
Mais tout cela, je n’en ai pris conscience que très récemment… lorsque j’ai enfin réalisé que je l’avais trouvé mon royaume ! J’étais partie le chercher au bout du monde, développant en même temps une passion pour les voyages qui n’a fait que croître au fil des destinations et des horizons lointains. Sauf que je viens de comprendre que ce royaume dont je rêve n’est pas ailleurs mais, ironie du sort, ici !
Mon royaume est à la fois grandiose et d’une simplicité déconcertante. Mon royaume se nomme Mercantour, Queyras, Écrins… Il est fait de hautes montagnes, de décors minéraux et de prairies d’alpage où bondissent des torrents fantasques. Il est sauvage et simple. Il est extraordinaire et authentique.
Dans mon royaume, on écoute le bruit du silence pour se sentir apaisé, on se sent tout petit face à la grandeur des éléments, on se ressource au contact de l’écorce, à la vue d’une harde de chamois, en remplissant un gobelet de framboises sauvages, en enlevant ses chaussures de rando pour avoir les pieds au contact de l’herbe et de la roche, en mangeant le meilleur repas du monde : un morceau de fromage tiré du sac face à un lac émeraude caressé par le soleil.
Mon royaume est un retour à l’essentiel : c’est la sève de la vie qui coule dans ses veines. Les 4 saisons y font leur loi sans qu’on puisse dicter la nôtre. Et surtout on peut y être sans avoir besoin d’avoir. Bien sûr, j’y suis invitée plutôt qu’hôte, mais ça m’est égal car je m’y sens bien, je m’y sens chez moi, en parfait accord avec qui je suis. Je pourrais y passer le reste de ma vie, sans aucun autre besoin d’ailleurs.
Comment j’ai pris conscience de ma vraie raison de voyager ?
- Certains voyages récents m’ont paru bien fades à côté de ce que je pouvais vivre dans mes montagnes. Pour la première fois en étant ailleurs, j’avais envie de rentrer, ce qui ne m’était jamais arrivé auparavant (il me fallait plusieurs mois pour me ré-acclimater à l’ici tant le blues du retour était fort).
- Désormais lorsque je me retrouve au beau milieu d’un paysage plat, j’ai cette étrange impression qu’il manque quelque chose…
- Quand je pense à « être ailleurs », ce sont des montagnes qui se dessinent instantanément et spontanément dans ma tête.
- Je suis prête à renoncer au confort d’un vrai lit (croyez-moi, hier encore, je n’aurais pas parlé de cette façon) juste pour le plaisir de voir la montagne avaler le soleil d’une bouchée, de m’endormir bercée par le bruit du torrent, d’avoir un ciel criblé d’étoiles pour toit, d’observer des chamois batifoler au petit matin, juste pour goûter à la saveur de l’immensité sauvage, une expression qui ne prend tout sons sens que là-haut.
- Lorsque je cherche ma future destination de voyage, je ne me demande plus simplement si ce sera différent de mon quotidien mais si cela sera mieux que mon Mercantour.
Oh, rassurez-vous, j’aurais toujours envie de voyager pour toutes les fausses raisons (qui sont quand même bonnes, hein !) que j’ai évoquées au début de cet article, mais désormais, je sais que si demain je ne pouvais plus voyager, je pourrai à tout moment goûter la saveur de l’ailleurs… rien qu’en ouvrant la porte de mon royaume, terrain de jeux et d’aventures infinies qu’une seule vie ne suffirait pas à explorer !
Laisser un commentaire