Fitz Roy El Chalten… L’objectif de 44h de bus !
Si tu viens à El Chalten au cours d’un road trip en van en Patagonie Argentine ou au cours d’un voyage combiné Chili-Argentine, c’est pour lui ! Le Fitz Roy, une aiguille granitique caractéristique, culminant à 3405 m d’altitude, avec à son pied la sublime lagune de Los Tres.
Le Fitz Roy est visible depuis le village d’El Chalten par météo dégagée. Mais si tous les voyageurs viennent ici, ce n’est pas pour le village d’El Chalten mais pour faire la rando mythique qui permet d’aller jusqu’au pied du Fitz Roy.
Heu, non pas question de faire l’ascension du Fitz Roy, à moins d’être un alpiniste chevronné ! Et crois-moi, rien que la rando du Fitz Roy, tu t’en souviendras ! Le Fitz Roy se mérite !
Fitz Roy El Chalten : 2 options de rando pour y aller
Il y a 2 options de faire le trek du Fitz Roy Argentine :
● soit emprunter le sentier de la laguna de Los Tres dont le départ est tout au bout du village d’El Chalten
● soit te faire déposer par un transport privé sur la ruta 41 à hauteur de l’hosteria El Pilar et rejoindre le camp Poincenot en passant par le mirador Piedras Blancas.
La meilleure option ? C’est à toi de voir ! Mais j’ai une bonne nouvelle pour toi… Je te détaille les 2 dans cet article pour que tu puisses faire ton choix !
Trek Fitz Roy version 1 : par le sentier de la lagune de Los Tres et une météo apocalyptique !
Je n’ai que très peu de photos de cette version du trek du Fitz Roy et tu vas vite comprendre pourquoi.
Tout est question de météo à Chalten…
Arrivée à El Chalten, je me renseigne tout de suite au centre d’information sur la météo des jours à venir. Car la météo joue un rôle majeur dans le programme à venir.
– « Demain sera la plus belle journée de la semaine et après, ça se dégrade franchement », m’entendis-je annoncer. Une grosse rando après 24h de bus depuis Bariloche, c’est pas trop ce que j’avais prévu à la base. Mais si je veux tenter le Fitz Roy, c’est demain ou rien. Donc go !
Jour J : attention départ !
7h. Le réveil sonne. Je m’extirpe de mon sommeil. Il fait encore nuit.
7h45. Je décolle. Après avoir traversé tout le village – car je loge dans une chouette cabana, basique et pas trop chère, à l’entrée d’El Chalten -, me voilà au départ du sentier de la laguna de Los Tres. Impossible de se tromper, c’est super bien indiqué !
Trek du Fitz Roy El Chalten, 1ère partie
Il n’y a pas encore trop de monde à cette heure-là. D’abord une montée assez courte mais pas trop difficile histoire de se mettre direct dans le bain ! Puis s’enchaînent de petites montées et descentes qui donnent globalement l’impression d’un sentier plat. Le temps est dégagé. Il y a bien quelques nuages mais rien de bien méchant.
J’arrive rapidement à un premier mirador. Mais les nuages sont arrivés en force et jouent déjà les trouble-fête… C’est hyper frustrant de ne pouvoir que deviner le Fitz Roy… J’espère que ça va se dégager quand je serai plus loin.
Trek du Fitz Roy El Chalten, 2ème partie
Au bout de 4 km, il y a la bifurcation pour la lagune Capri à gauche. Je fais le choix de ne pas rallonger la sauce (au moins à l’aller) et je prends à droite. Le chemin est plutôt plat mais il y a un de ces vents… A tel point que lors de l’une des traversées de rivière, je bascule du pont en bois sous la force du vent ! Sur le coup, j’ai vraiment eu peur. Mais rien de cassé, ouf !
J’évolue maintenant dans un décor superbe avec les couleurs de l’automne dont est déjà imbibé le paysage. Le vent rend vraiment la rando pénible.
8 km après le début du sentier, j’atteins le camp Poincenot.
Camp Poincenot
C’est là que certains trandonneurs, qui font un trek sur plusieurs jours, bivouaquent pour la nuit. L’avantage ? Par météo clémente, ils peuvent voir et photographier le Fitz Roy :
● au coucher du soleil
● le lendemain au lever du soleil. Puisqu’ils sont quasi sur place.
Bon par contre, c’est confort réduit au minimum : à part des WC il n’y a aucune infrastructure en dur, et c’est tant mieux !
J’admire les courageux. Non pas parce qu’ils bivouaquent mais parce que lorsque le vent patagon fait des siennes, mieux vaut que leur tente soit solidement arrimée !
Un peu plus loin sur la droite se trouve le chemin pour le mirador Piedras Blancas. On en reparle dans la version 2 du trek du Fitz Roy El Chalten 😉 Et à gauche celui pour la lagune de Los Tres.
Trek du Fitz Roy El Chalten, dernière partie
Bientôt le dernier km est annoncé avec un énorme « WARNING ». L’ultime partie de la rando est annoncée comme très difficile avec 400 m de dénivelé sur une distance d’1 km et un temps estimé d’1 heure…
Ok ça va être pentu mais quand même… 1 heure pour faire 1 petit kilomètre ?!!
Apocalypse now…
A ce moment-là, en plus du vent qui a redoublé de force, la pluie a décidé de se joindre à la fête !… Heu… c’est ça « la plus belle journée » de la semaine ? Un temps dégagé ? On m’aurait menti ?? Comme aux dizaines de randonneurs de toutes nationalités qui attaquent l’ultime montée. En tenue hivernale pour les plus prévoyants (ceux qui savent qu’en montagne tout peut changer en quelques minutes). Ou en petits baskets et micro-short, les jambes rougies par le froid, pour les inconscients avides de « rando légère et rapide », qui se trouvent fort dépourvus lorsque la météo passe d’un extrême à l’autre…
L’ascension est raide et difficile avec des différences de niveau importantes d’un pas à l’autre et des enjambées de pierre pas toujours aisées… Mais la pluie complique sérieusement les choses. Il faut redoubler de vigilance pour ne pas glisser et éviter toute chute qui pourrait être lourde de conséquences.
Sauvée par mon équipement !
La pluie devient grêle ! Si, si ! C’est apocalypse now ! Le vent, la pluie, la grêle cinglent et fouettent le peu de mon visage resté apparent malgré « l’emmitouflage » sous le bonnet et la cagoule. Je n’ai jamais été aussi heureuse d’être bien équipée :
● chaussures de rando gore-tex à tige montante
● pantalon avec revêtement imperméable
● polaire
● veste gore-tex
● moufles bien chaudes
Quand je vois que certains ont juste une petite veste de survêt’, j’ai froid pour eux !
Quand y en a plus y en a encore !
Pire, après une 1ère partie de montée bien bien raide, alors que je pense être arrivée, ben y en a une seconde pour enfin atteindre la lagune de Los Tres. Le soi-disant km final annoncé est en fait plus proche des 2 km que du 1 km… Le km argentin doit être différent du km français !!!
Avec déjà une dizaine de km dans les pattes plus cette météo 4 saisons, cette ultime montée n’en finit pas et se révèle éprouvante physiquement et mentalement…
Déception : pas de Fitz Roy à l’arrivée !
Arrivée à la lagune de Los Tres. Ultra frustrant… On ne voit rien mais alors rien du tout ! Le Fitz Roy est invisible. Tant d’efforts pour rien ! Je grignote un morceau « à l’abri » contre un rocher avant de redescendre. Car oui, faut tout faire en sens inverse ! Sik ! Et tu ne vas pas me croire mais la météo empire de minute en minute !
Retour hard de chez hard
Forcément, l’ultime montée devient descente abrupte au retour. Douloureuse pour les genoux. Harassante pour l’organisme déjà fatigué. Les pierres ultra glissantes. La boue. Les flaques. La difficulté à se croiser en raison de l’étroitesse du sentier.
Un pas après l’autre. Je m’arme de courage. En plus pas question de faire des pauses car le temps menace d’empirer encore… Mes vêtements et mes chaussures, pourtant bien adaptés, ne résistent plus. Je suis percée. Transie. Rincée.
Quand enfin la pancarte 1 km apparaît, j’en pleurerais presque de joie. Presque arrivée !
Les 2 km de traversée du village me paraissent longs. Je rentre dans un état… Ma montre affiche 26 km et 1150 m de dénivelé ! Heu, comment sont calculés les 700 m de dénivelé annoncés pour la rando ???
Je ne trouve pas ça cool de sous-estimer distance, dénivelé et donc difficulté car du coup, certaines personnes s’engagent sur le chemin, sans mesurer ce qui les attend vraiment… Quand en plus les conditions météo sont apocalyptiques, cela peut vite devenir dangereux…
Trek Fitz Roy version 2 : par le mirador Piedras Blancas et une météo fabuleuse !
Après cette tentative ratée, j’ai été assez cinglée pour envisager de refaire le trek du Fitz Roy El Chalten ! J’ai prolongé un peu mon séjour à El Chalten et bougonné quelques jours après les nuages…
Nouveau départ pour la rando du Fitz Roy
Mais cette fois, je vais le faire différemment. Ce matin-là, à 8h tapantes, je guette avec une impatience non dissimulée l’arrivée du ‘minibus’ de la société Las Lengas qui doit m’emmener jusqu’à l’hosteria El Pilar. Le Fitz Roy est entièrement dégagé, baignant dans la lumière chatoyante du matin… je trépigne d’impatience car j’ai trop peur que cela ne dure pas !
Ouf, le voilà, on est 14 personnes à bord pour parcourir les 15 km sur la ruta 41.
Comment réserver le transport privé pour se faire déposer à l’hosteria El Pilar ?
Il suffit d’aller la veille à la gare routière. Les bureaux de la compagnie Las Lengas sont tout au bout du couloir.
Le coût est de 400 ARS par personne.
8h40. Débarquement de tous les passagers à l’hosteria El Pilar. Dommage que l’hosteria soit déjà fermée (c’est la fin de saison) sinon j’y aurais bien volontiers passé 1 ou 2 nuits. Un établissement de charme avec vue sur le Fitz Roy, ça l’aurait bien fait !
Rando Fitz Roy 1ère partie en douceur
Le chemin est super sympa et presque plat. Il est plus facile que le départ par l’autre côté. En plus, on a quasiment tout le temps une vue fabuleuse sur le glacier Piedras Blancas. Raison pour laquelle l’effort paraît moindre !
Au bout de 2h de marche, me voilà de nouveau au camp Poincenot. Mais dans des conditions bien différentes ! Le Fitz Roy est bien dégagé (pourvu que ça dure…). Il n’y a pas un nuage dans le ciel ! C’est à peine croyable vu les déluges subis ces derniers jours !
Rando Fitz Roy l’ultime montée, seconde !
Au pied de l’ultime montée, petite pause histoire d’enlever quelques épaisseurs : il fait chaud et ça va grimper sévère ! Allez, c’est parti ! Un gamin et sa mère me talonnent tout du long mais ne souhaitent pas me dépasser. Cela me pousse à ne pas m’arrêter et à avancer à allure constante. En 50 minutes, je suis au bord de la lagune de Los Tres et…
Splendeur du Fitz Roy
Yes, sir le Fitz Roy est totalement dégagé ! Pas un nuage ! La lagune est d’un bleu-vert incroyable. Avec un magnifique glacier en arrière-plan. Je prends conscience de la grandeur majestueuse de la Nature. Le mythe du Fitz Roy se vérifie. Cela valait la peine de retenter la rando !
Autre point de vue à découvrir
N’hésite pas à longer la lagune vers la gauche. Il y a une jolie vue sur une autre lagune à la couleur exceptionnelle, ainsi qu’un autre glacier.
Rencontre fugitive. Instant inoubliable.
Je pique-nique tranquillement. Face à la lagune de Los Tres. Face au Fitz Roy. Imposant. Cette fois, je n’ai plus du tout envie de descendre. Soudain, je sens une présence derrière moi… Je me retourne. Non… mais… c’est un renard ! J’y crois pas ! Mais qu’est-ce qu’il fout là ?!! Y a trop de monde pour lui ! J’arrive à tirer quelques photos avant qu’il ne déguerpisse fissa, traqué par des randonneurs qui tentent vainement de lui tirer le portrait.
Retour obligatoire
15h bientôt. va falloir redescendre car le retour va être long après cette pause au soleil. Forcément, pas de minibus au retour donc faut redescendre par le sentier de la lagune de Los Tres.
3h plus tard, je suis en bas. Ereintée mais tellement heureuse d’avoir « goûté » au mythique Fitz Roy d’El Chalten !
Voilà j’espère t’avoir donné envie de te frotter au trek du Fitz Roy à El Chalten ?!! On se quitte sur quelques conseils pour passer une bonne rando au Fitz Roy.
Conseils élémentaires pour le trek du Fitz Roy El Chalten
● Renseigne-toi bien sur la météo avant de partir.
Si elle est pourrie, je te déconseille d’y aller : tu ne verras rien !
● Ne pars pas en micro-short, débardeur et tongs.
C’est une rando pas une journée plage. Tu te demandes pourquoi je précise cela ? Tout simplement parce que j’ai vu des personnes ainsi vêtues !…
● Emporte de quoi bien te couvrir.
Coupe-vent digne de ce nom, k-way ou cape de pluie… Lors du trek du Fitz Roy, tu peux très bien vivre les 4 saisons sur une même journée, j’en parle en connaissance de cause. Donc ne te laisse pas prendre au dépourvu surtout que la rando est longue !
● Porte de bonnes chaussures : chaussures de rando ou baskets de trail
Ce n’est pas une petite baladounette dominicale à vertu digestive. Là on parle quand même d’une rando de plus de 20 km et plus de 1000 m de dénivelé !
● Pars de bonne heure
Surtout si tu es peu sportif ou si tu y vas avec tes enfants. Comme je viens de le dire, la rando est longue et pas de tout repos.
● Suffisamment à boire et à manger
Est-ce utile de le préciser ?
● Des bâtons, surtout si tu as des problèmes de genoux.
Comme tu l’as vu, la rando du Fitz Roy comporte des portions bien raides qui peuvent vite flinguer des genoux fragiles.
Peut-être trouves-tu ces précisions évidentes ? Mais crois-moi, j’ai halluciné sur place de voir l’inconscience de beaucoup de personnes… On est quand même en haute montagne…
Eh bien ! Quelle aventure cette rando ! Heureusement que tu as pu la refaire car rester sur une telle expérience c’est pas vraiment cool. Surtout pour un endroit mythique dont on rêve ! Bon, je crois que je préfèrerais faire la rando avec la 2ème option, via le bus. Elle m’a l’air un peu moins compliquée que la première… Je pense notamment à mes problèmes de genoux, qui ont du mal dans les descentes… Je suis obligée d’aller lentement, alors je me demande si j’aurais vraiment le temps de boucler tout ça dans la journée avec ma vitesse escargot !
Par beau temps le paysage a l’air vraiment sublime, et c’est ce qui donne envie de se surpasser et de relever le défi, mais il faut savoir aussi être raisonnable selon ses capacités… Sans parler de la météo qui joue un rôle majeur aussi ! Quelle inconscience de partir en haute montagne comme on va à la plage !…
Après avoir lu ton article, on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas dans quoi on s’engage… Un grand merci pour tous ces détails, c’est le top ton article !
Merci Sylvie !
Hélas les comportements irresponsables en montagne sont de plus en plus fréquents.
1ère option ou 2ème option, tu ne peux pas couper à la dernière portion très raide, en montée comme en descente. Mais la destination en vaut la chandelle !